L’utilisation de gel hydroalcoolique en milieu professionnel : guide complet pour un achat éclairé

I. Les gels hydroalcooliques : définition, composition et types

Avant toute chose, redéfinissons ensemble ce qu’est un gel hydroalcoolique. Il s’agit d’un liquide transparent plus ou moins épais, visant à éliminer les micro-organismes présents sur les mains, poignets et avant-bras. On l’appelle « produit biocide ». Les gels hydroalcooliques n’ont pas tous les mêmes propriétés éradiquantes.

En effet, selon leur composition, les gels hydroalcooliques vont agir sur tel ou tel micro-organismes après un certain temps de contact et de friction.

Les gels hydroalcooliques sont composés majoritairement de 2 ingrédients : de l’alcool (étahnol ou isopropanol ou propanol) à hauteur d’au moins 60% et de l’eau distillée. Cela donne une solution plutôt liquide (qui vaut au produit l’appellation de « lotion » ou « solution » hydroalcoolique). Afin de donner une consistance plus épaisse au produit obtenu, on peut lui ajouter des épaississants. Ce qui donnera un gel plus visqueux. L’ajout d’épaississant n’a pas d’incidence sur les propriétés biocides du produit.

Par la suite, les fabricants peuvent y ajouter des agents hydratants, émollients, des parfums, des conservateurs, …

En effet, de par sa forte teneur en alcool, le gel ou la lotion hydroalcoolique peut vite dessécher les mains, surtout pour les professionnels devant y recourir régulièrement, comme par exemple en milieu hospitalier ou libéral.

II. Les normes et réglementations des gels hydroalcooliques

Pour être autorisé sur le marché français, les gels hydroalcooliques doivent répondre à des normes exigeantes mais qui permettent d’assurer une parfaite innocuité pour son utilisateur et qui en garantissent son action biocide.

Pour synthétiser, il existe 3 grandes propriétés biocides :

• Bactéricide, c’est-à-dire que le produit va agir sur les streptocoques, les salmonelles, Escherichia coli, …
• Virucide, c’est-à-dire que le produit sera efficace sur les adénovirus, les coronavirus, les virus de la grippe, …
• Fongicide, c’est-à-dire que le produit va être actif sur les champignons, levures, moisissures, …

De plus, on distingue 3 grands domaines d’application : l’utilisation d’un gel hydroalcoolique dans la sphère générale, la sphère industrielle (industrie agroalimentaire, restauration, …) et la sphère médicale (hospitalier, vétérinaire). Cette dernière sphère est la plus restrictive et impose aux fabricants le plus de normes. Si ces produits ne répondent pas aux normes, alors ils ne pourront être vendus aux hôpitaux, maisons de retraites, maisons médicales, …

Par exemple, pour qu’un gel hydroalcoolique puisse revendiquer une action bactéricide et puisse être vendu au milieu médical, il doit avoir les normes EN 13727 / EN 1499 / EN 1500 / EN 12791 / EN 14561 / EN 1656 / EN 14349 / EN 14348 / EN 14563 / EN 14204.

Pour chaque norme, le produit doit éliminer ou rendre inoffensif les micro-organismes (ici les bactéries) dans un délai bien précis.

Toutefois, s’il ne fallait retenir qu’une norme pour un usage courant, il s’agit de la norme EN14476.

Ci-dessous les critères dont il faut tenir compte pour le choix d’un gel hydroalcoolique utilisable en milieu professionnel et conforme aux normes en vigueur :

• la concentration d’alcool en pourcentage : entre 60 et 70% minimum (critère obligatoire), sachant que pour une action sur le Coronavirus COVID 19 la teneur doit être d’au moins 65%
• sinon, la concentration éthanol / eau : entre 520 et 630 mg/g (critère obligatoire)
• le type d’alcool : alcool propylique (ou n-propanol, propane-1), alcool isopropylique (ou isopropanol, propane-2-ol) , alcool éthylique (ou éthanol) (critère obligatoire)
• l’absence de triclosan qui est reconnu comme perturbateur endocrinien (critère recommandé)

Enfin, si vous souhaitez accéder au détail des normes en vigueur, vous pouvez accéder à un précédent article traitant de ce sujet ici.

III. Lavage des mains au savon ou au gel hydroalcoolique ?

Le lavage des mains avec du savon est la méthode la plus courante et la plus ancrée dans nos quotidiens ? Cette méthode, si elle est bien réalisée est la plus efficace sur l’élimination des tâches et souillures sur les mains, poignets, avant-bras. Cependant, elle nécessite un équipement et une installation spécifique. Cela impose que les usagers disposent d’un accès facile à un évier ou lavabo, ainsi qu’à du savon répondant à leurs besoins et un mode de séchage est recommandé. Dans le milieu professionnel, certains métiers peuvent imposer une action supplémentaire. Par exemple dans le milieu hospitalier, une action désinfectante (bactéricide, virucide, fongicide) est imposée, alors qu’en milieu industriel ou pour la restauration on attendra un action supplémentaire dégraissante. Enfin, le recours au savon sera à privilégier en cas de plaies. Toutefois, en milieu chirurgical, lavage des mains avec un savon désinfectant et friction hydroalcoolique sont complémentaires.

Le recours à l’utilisation de gel ou solution hydroalcoolique permet de ne pas avoir à installer d’accès à l’eau. La désinfection des mains est donc plus simple et facile d’accès. Le seul impératif est d’avoir un produit hydroalcoolique à portée de mains et qu’il soit stocké dans de bonnes conditions pour ne pas que son action biocide en soit altérée. Il faut tout de même souligner que ce produit n’est pas très efficace sur les souillures.

Par ailleurs de par l’évanescence de l’alcool contenu dans le produit, il n’est pas nécessaire de sécher les mains après l’application. On pourrait penser à tort, que par son action d’évaporation, l’utilisation de gel hydroalcoolique est plus rapide. Cependant, pour une action virucide, bactéricide, levuricide, … il est impératif de respecter une certaine durée de friction. Par conséquent, cela implique d’avoir une quantité suffisante de produit.

IMPORTANT : il ne faut surtout pas réaliser de friction sur des mains porteuses de gants à usage unique. En effet, le caractère biocide du gel risque très probablement d’attaquer le matériau composant le gant, le rendant ainsi poreux et donc susceptible de ne plus avoir son effet barrière. Par contre, dans le cas d’un port de gants à usage multiple, la désinfection des gants peut être envisagée avec des produits adaptés et dans ce cas il est nécessaire de consulter la fiche technique des gants (résistance aux produits chimiques).

IV. Conservation du gel hydroalcoolique

Les recommandations de stockage sont indiquées sur l’étiquette ou l’emballage du produit et sont généralement similaires d’un produit/d’une marque à une autre.

Elles consistent à :

• Respecter les indications de températures minimales et maximales
• Conserver le produit à l’abri de la lumière directe (pas de rayon du soleil en contact direct par exemple).
• Ne pas stocker le produit dans un milieu soumis à variations du taux d’humidité
• S’assurer d’avoir refermé hermétiquement le contenant après usage
• En cas de transvasement, il faut s’assurer que le contenant à remplir est propre (même s’il contenant auparavant du gel hydroalcoolique) et que cette action se fait à une température inférieure à 20°C de sorte à ce que l’alcool ne s’évapore pas.
• En cas d’utilisation d’un contenant avec une pompe, il est recommandé de l’utiliser rapidement après remplissage, la pompe pouvant se boucher.

Un produit hydroalcoolique a une durée de vie limitée. La date limite d’utilisation est indiquée sur le contenant. Passée cette date, le produit sera moins efficace. De ce fait, en milieu professionnel, des contrôles réguliers doivent être menés et les produits périmés doivent être isolés et jetés. En cas de transvasement, il est recommandé de coller une étiquette ou d’écrire sur le flacon la date limite.

V. Vigilance sur les produits à visée cosmétique

Lors de l’épidémie de COVID19, de nombreux produits dits « désinfectants » sont venus fleurir les rayons de nos supermarchés, pharmacies, …

Cependant, après investigations et contrôles de la DGCCRF, il s’avère que bons nombre d’entre eux ne répondaient pas aux normes en vigueur et ne possédaient donc pas les actions bactéricides, virucides ou fongicides attendues.

De ce fait, nous vous recommandons d’être vigilants aux étiquettes de ces produits, surtout s’ils portent les allégations suivantes :

• Antibactérien, antimicrobien, antiviral, et autre adjectif commençant par « anti »
• Désinfectant
• Antiseptique
• Tue …% des bactéries, virus, microbes,
• Décontaminant
• Formulation recommandée par l’OMS
• Anti-COVID19…

La différence avec des produits aptes à être mis sur le marché est que ces derniers mentionneront précisément les composants, le taux d’alcool, les normes, la date limite d’utilisation, le nom du fabricant et le numéro de lot.

Ces allégations précédemment citées sont volontaires de la part des fabricants afin d’entretenir une confusion auprès du consommateur.

Voilà, à présent vous disposez de toutes les clefs pour acheter en toute conscience !

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